lundi 17 décembre 2012

Article UCI

                          
 

 
 
 
 
 
Gravir d'une seule jambe le Col de l'Ospedale, c'est possible. Avec plus ou moins de succès, les coureurs de l'équipe Cofidis se sont imposé ce défi supplémentaire en repérant la semaine passée les étapes corses du prochain Tour de France. Ils ont renoncé au bout de quelques dizaines de mètres et laissé continuer celui qui est leur guide de circonstance, Laurent Thirionet, qu'un accident a privé de sa jambe gauche il y a vingt ans.

Puisque lui imite les pros et s'accroche à leur roue, pourquoi ne pas l’imiter en retour ? Les petites stars de la route, pourtant habituées aux remises en question, ont retenu la leçon. « Nous, les handisports, sommes de vrais "performers". Apprendre à rouler avec une seule jambe m'a pris deux ans de travail », précise celui qui a décroché une médaille de bronze aux Jeux Paralympiques de Londres, dans la poursuite individuelle (C2).

Membre de l'équipe Cofidis depuis 1998, Thirionet est devenu en 2010 le chef de file d'une section paracycliste renforcée, qui compte aujourd'hui quatre athlètes, dont le Belge Kris Bosmans, Champion du Monde Route (C3) en 2011. Ils sont traités à la même enseigne que les professionnels, reçoivent le même matériel et la même assistance pour leurs déplacements. Et donc, partagent les mêmes stages de préparation.

Les paracyclistes, des athlètes normaux

A Sainte-Lucie De Porto Vecchio, Damien Severi, 28 ans, nouveau venu chez Cofidis, a doublement consolidé les liens avec ses partenaires du groupe paracycliste et la quasi-trentaine de "valides". « J'ai beaucoup apprécié le fait de rouler avec des coureurs que je vois d'habitude à la télé, dit-il. L'intégration a été très facile, nous parlions de tout et nous rigolions bien ensemble ».

« Très rapidement, on arrive à voir les paracyclistes comme des athlètes normaux, confirme Yoann Bagot, pro chez Cofidis depuis 2011. Ils font me même métier que nous, partagent les mêmes préoccupations, les mêmes obligations, la même façon d'organiser leur saison et leur quotidien ».
Tous deux enregistrés en catégorie C5 (handicap d'un membre supérieur), Severi et Johan Ballatore ont suivi le programme d'entraînement des leaders du groupe, Rein Taaramäe, Jérôme Coppel et Christophe Le Mével. Comme eux, ils ont participé à des réunions avec les fournisseurs techniques de Cofidis. Une excellente occasion d'exposer leurs besoins et d'obtenir des réponses rapides.

Les « valides » se rendent compte qu’ils ont de la chance

Severi explique : « Faire partie de la même équipe que les pros facilite grandement notre reconnaissance et notre accès à des spécialistes du sport ». Ainsi, le Champion de France du contre-la-montre (C5) 2012 a-t-il profoté du stage en Corse pour redéfinir sa position sur le vélo, avec l’aide d’un podologue.

Les paracyclistes ne sont pas les seuls bénéficiaires de cette expérience au sein de la même équipe. Les coureurs "valides" apprennent beaucoup à leur contact. Thirionet observe : « Notre rencontre leur fait du bien. Quand ces champions éprouvent des problèmes existentiels, quand ils se sentent brisés de ne pas atteindre le niveau de leur rêve, ils voient en face d'eux les sportifs que nous sommes, le corps pas tout à fait entier, mais heureux d'être là. Ils peuvent alors se rendre compte qu'ils ont de la chance... »
Cet échange stimulant, unique parmi les équipes de deuxième division UCI (Pro Continental), pourrait faire des émules. C'est en tout cas ce qu'espère la responsable de la section handisport chez Cofidis, Valérie Alexandre, qui veut changer le regard porté sur les paracyclistes : « Ils doivent susciter non pas de la compassion mais de l'admiration. Une admiration réciproque dans ce cas. Leur motivation a valeur d'exemple pour tout le groupe : ils se donnent à fond pour suivre les autres ».
Photo : Damien Severi, Johan Ballatore et le nouveau co-leader, Christophe Le Mével - Crédit : Equipe cycliste Cofidis/E. Vallé.





 
 

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